Après une V8 qui avait surpris par sa souplesse extrême et sa rupture avec les versions précédentes, New Balance revient avec une Hierro V9 plus sobre, plus cohérente sur le papier. Toujours dotée d’un amorti généreux et d’une semelle Vibram, cette nouvelle version semble vouloir corriger le tir tout en conservant une certaine ambition en matière de confort. J’ai couru avec ce modèle sur différents terrains pour voir ce qu’il avait réellement dans le ventre.
Un peu d’histoire – La saga Hierro
Je connais bien la gamme. J’ai couru avec toutes les versions de la Hierro depuis ses débuts, vers 2013-2015. À l’époque, c’était une chaussure plutôt polyvalente, faite pour les chemins forestiers, les pistes blanches… une chaussure tout-terrain sans excès. Puis est venue la V3, celle que pas mal d’anciens reconnaîtront : orange, avec un gros renfort en caoutchouc sur l’avant. Ça protégeait de la boue, mais c’était peu respirant, et surtout fragile. J’ai couru un peu avec, mais ce n’était pas ma préférée.
La semelle Vibram, elle, était déjà présente, avec ce dessin à crampons plats typique de la gamme, bien adapté aux terrains roulants et à la caillasse. Cette base s’est maintenue, en évoluant au fil des versions, notamment au niveau de la mousse Fresh Foam, qui s’est affirmée progressivement comme la signature de la chaussure.
La V7 avait stabilisé le produit : toujours des crampons plutôt larges, une mousse efficace, et un bon compromis entre confort et stabilité. Un modèle assez proche, dans l’esprit, d’une Speedgoat ou d’une Cascadia, avec une bonne assise au sol.
La rupture de la V8
Et puis il y a eu la V8. Là, j’avoue, je n’ai pas compris. Une chaussure très molle, presque étrange. Tellement souple qu’on pouvait tordre la semelle à la main. On était vraiment sur une sensation de route avec des crampons. Le Vibram avait changé lui aussi, avec de tout petits picots très accrocheurs, très efficaces sur terrain sec, sur la pierre comme sur la terre… mais qui s’usaient très vite. Une super accroche, une mousse Fresh Foam X plutôt moelleuse, une vraie curiosité.
Je ne dirais pas que c’était une mauvaise chaussure, mais elle a déconcerté pas mal de monde. On sentait que la marque cherchait une nouvelle voie, mais sans trop savoir où elle voulait aller.
La V9 – retour à une forme de normalité ?
Avec cette V9, New Balance semble vouloir retrouver un peu de cohérence. On reste sur un modèle confortable, plutôt polyvalent, taillé pour l’ultra "moyen" – disons pas trop technique – et les terrains caillouteux. Le stack a encore augmenté : je l’ai mesuré à 38-40 mm au talon. On reste sur du Fresh Foam X, mais avec une évolution dans le composé : un mix EVA / PEBA. Ça ne veut pas dire grand-chose en soi, car tout dépend de la densité et de la formulation, mais c’est un signal : on est sur une mousse plus moderne, avec une ambition de relancer un peu de dynamisme peut-être.
Elle me fait penser à d’autres modèles de la gamme New Balance, notamment la More Trail, qui flirte avec les gros volumes de la Caldera de Brooks ou de la Stinson d’Hoka. Mais ici, on reste plus sobre, plus classique : on est dans la catégorie des Cascadia, Trabuco, Speedgoat, voire Xodus. Une chaussure de trail polyvalente avec un peu de tout.
Premier test terrain
Poids vérifié : 299 grammes. Pour une chaussure de cette catégorie, c’est dans la norme. On n’est pas sur un modèle taillé pour la vitesse ou la réactivité, mais sur une chaussure orientée confort, amorti, et – à voir – stabilité.
Premières sensations en statique : bon maintien général, mais chaussant un peu étroit pour moi, surtout sur le dessus du pied. Il manque un passant pour les lacets : pas gênant, mais pas idéal. En descente technique, très bonne accroche, notamment sur la pierre. Le crampon de 4 mm est classique, efficace, et la semelle déboure très vite – un bon point dans les terrains gras.
Confort et stabilité : mitigé
L’amorti est bien présent, mais je le trouve un peu ferme pour une chaussure aussi haute. Ce n’est pas un moelleux "chausson", c’est plus dense, plus structuré. Intéressant pour les coureurs un peu lourds, mais pas forcément très agréable pour mon pied, qui est un peu comprimé dans le chausson.
Stabilité : avec un stack aussi élevé, ce n’est pas la chaussure la plus stable que j’ai testée. Elle me semble moins rassurante que la Caldera 8, par exemple, dont l’assise au sol très large compense bien la hauteur. Ici, ça reste correct, le pied est tenu, mais il faut rester vigilant, notamment en dévers.
En conclusion provisoire
J’ai encore un peu de mal à me faire un avis tranché. L’amorti est là, le confort aussi, mais sans cette sensation de fluidité qu’on pourrait attendre. Le chaussant est un peu serré pour moi. L’accroche est très bonne, la mousse fait le job, mais l’ensemble manque de caractère, ou peut-être de clarté dans ses intentions.
Je vais continuer à la tester, peut-être faire une mise à jour dans un prochain test matos. N’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez : vous avez eu la V8 ? Vous testez la V9 ? Vos retours m’intéressent vraiment, parce que là, je suis encore un peu partagé.
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