Briançon, nouveau pôle France de Trail !
La Fédération Française d’Athlétisme met un point final à son partenariat auvergnat dans la Cantal. Et c’est la ville de Briançon, à 1326 m d’altitude dans les Hautes-Alpes, qui reprend la main !
On fait le point avec Patrick Michel, l’un des grands précurseurs du trail hexagonal et élu local à Briançon.
Dès cet automne, l'équipe de France de trail et de course en montagne mettra le cap sur Briançon ! Il s’agit bien de la création d'un Pôle France de course en montagne et de trail à Briançon. C’est un terrain parfait pour ce sport nature, le trail, qui a le vent en poupe. Il y a d’abord la légitimité historique, puisque c’est ici qu’ont évolué les pionniers des coureurs de montagne français dans les années 80. Et surtout, on retient cette altitude idéale pour l'entrainement, avec cet époustouflant terrain de jeu qui court de la vallée de la Guisane à Montgenèvre en passant par la Clarée.
Ce projet de pôle France a été voulu par Arnaud Murgia, le Maire de Briançon, qui compte dans son équipe municipale Patrick Michel, Conseiller municipal en charge des sports nature et de l’évènementiel, mais surtout grand précurseur de la dynamique du trail en France.
La région PACA pourrait rejoindre le projet dans le cadre d'un plan de développement de la pratique du trail et d'un dispositif autour de l'organisation de « trails pour tous » qui pourrait voir le jour dans le cadre des JOP Alpes 2030.
Serge Moro : Raconte-nous tes débuts en course à pied ?
Patrick Michel : Je suis un « footeux », avec un niveau national en juniors. Puis je me suis mis au ski de fond à 20 ans. Je suis venu à la course à pied par l’entraînement estival pour le ski de fond ! Assez vite mes priorités se sont inversées : je courais beaucoup et le ski de fond me permettait de maintenir un niveau physique l’hiver. Comme j’étais un compétiteur en ski de fond, tout naturellement j’ai accroché des dossards en course à pied. J’avais juste à traverser la frontière de Névache vers l’Italie, à quelques kilomètres. Je suis allé très souvent faire des courses de montagne là-bas où c’est une vraie et forte culture sportive. A l’époque, la course en montagne sur sentiers, c’était si simple : un short, un débardeur, une poignée de dattes et de figues dans la poche et voilà… A l’échelle de ma vie sportive, j’ai vécu une évolution époustouflante, tant au niveau du matériel, du nombre et des types de pratiquants, que des formats de parcours. La plupart des formats étaient assez courts avec au maximum 20 à 30km, et surtout des parcours cassants, techniques. Étant bon descendeur, et un montagnard, j’ai eu des résultats grâce à cette aptitude à prendre des risques en descente.
Serge Moro : Un mot sur ton palmarès ?
Patrick Michel : On cite souvent ma victoire de 1996 sur la Grande Course des Templiers. Mais j’ai gagné de nombreuses courses, et en particulier des marathons de montagne comme celui du Verdon, ou le Tour de l’Oisans, les Balcons de Belledonne... Aujourd’hui, je cours encore très régulièrement, avec parfois des dossards et quelques podiums dans ma catégorie d’âge.
Très tôt, tu es devenu organisateur !
Cela fait 40 ans que j’organise des courses à pied ! Je me souviens bien de la première, puisque c’est l’année de naissance de mon fils, en 1984 ! C’était les Foulées Névachaises, à Névache, où je suis toujours moniteur de ski ! Je voulais partager mes terrains d’entraînement avec d’autres coureurs. Il y avait dans ces années 80 une belle dynamique pour la course en montagne dans le Briançonnais, autour des frères André, en particulier Jean et Pierre. Autour de Briançon, j’ai porté de très nombreuses organisations, comme le Championnat de France de course en montagne en 1994 (puis en 2024, 30 ans après), les Championnats du monde de trail en 2009, les Championnats de France de Trail à Montgenèvre en 2018… Et j’ai la paternité du premier trail blanc. C’était en 2001 à Serre-Chevalier.
Et vous allez désormais accueillir les équipes de France ?
Oui, ce projet s’inscrit dans la continuité de ce que l’on a construit à Briançon, en capitalisant sur notre image montagne, avec toutes les activités qui y sont liées. Il y a bien sûr cet exceptionnel Espace Trail, fort de 300 kilomètres d’itinéraires. Mais nous sommes aussi dotés d’un mur d’escalade qui fonctionne à plein depuis deux ans, le parc des sports est remis à neuf, nous livrerons une belle halle de sports pour l’été 2025, tout comme une vraie piste d’athlétisme prévue pour octobre 2025. Enfin, la rénovation du Centre sportif d'altitude, avec une montée en confort des chambres et une salle de préparation physique et de musculation, nous permet d’envisager la multiplication de partenariats constructifs.
Concrètement, en quoi va consister ce partenariat avec la Fédération Française d’Athlétisme ?
Nous allons accueillir les équipes de France de trail et de course en montagne pour leurs stages de préparation. A chaque stage, nous recevrons une trentaine d’internationaux par discipline, et jusqu’à soixante lors des regroupements du trail et de la course en montagne. Nous assurons à la fois le réceptif et l’animation de ces stages. La FFA s’est engagée à nous proposer en retour des activations grand public, et d’ici 2028, nous devrions obtenir un ou deux évènements nationaux ou internationaux. J’insiste en conclusion sur le rôle moteur à Briançon de son jeune maire, Arnaud Murgia, un élu dynamique qui court, et affectionne les sports de montagne, comme l’escalade ou l’alpinisme. Il a gravi le Cervin, la Barre des Écrins et d’autres sommets emblématiques.
Ils ont dit
Julien Rancon, athlète de référence dans ces deux disciplines et nouveau responsable national des équipes de France de trail et de course en montagne :
“ C'est un lieu particulièrement adapté à nos pratiques, dans une région montagneuse sans être submergée par la neige les trois-quarts de l'année. Avec une altitude de 1200 m, c'est un bon compromis. Cela permettra d'avoir une période assez large dans le calendrier pour accueillir nos stages, ce qui est très important car le calendrier international est parfois instable. Et puis les possibilités de parcours différents sur place sont idéales : on pourra faire du plat, du vallonné, de la montagne, il y a aussi une piste en tartan qui est en train d'être terminée au sein du centre sportif, une piscine juste à côté et même un espace bien-être “, se réjouit Julien Rancon.
Arnaud Murgia, Maire de Briançon :
“ Accueillir l'équipe de France de trail et de course en montagne pour ses stages de préparation est une grande satisfaction pour notre Ville mais aussi une juste récompense de la politique sportive que nous menons depuis près de cinq ans, avec notamment, le programme de réhabilitation du Parc des Sports. Nous mettons tout en place pour proposer aux sportifs de haut niveau les meilleures conditions d'entrainement pour ainsi, je l'espère, les voir triompher devant les Briançonnais lors de grands évènements nationaux ou internationaux. Nous avons toujours été proactifs à ce sujet et nous continuerons de l'être car le sport est au cœur de l'identité de notre territoire et Briançon est officiellement, depuis juillet 2024, Ville Olympique ! “